Alain CARRIÈREretour...

Peintre amateur autodidacte et passionné…

Huiles sur toiles

J’ai toujours dessiné. D’aussi loin que je me souvienne.
Gamin, mes cahiers d’école étaient remplis de dessins, remplaçant bien souvent les leçons qui auraient dues s’y trouver, ce qui suscitait davantage le désarroi de mes instituteurs et de mes parents que leur enthousiasme.
Passionné depuis tout jeune de bandes dessinées, je voulais alors être auteur professionnel de BD. La vie a fait que ça n’a pas été possible, mais je n’ai jamais arrêté de dessiner, explorant en parallèle d’autres expressions artistiques, jusqu’à trouver un aboutissement dans la peinture à l’huile, il y a une vingtaine d’années.

La création exige un esprit libéré de toutes contraintes, une disponibilité totale à l'activité artistique. C’est une quête. Aujourd’hui, comme hier, les exigences du quotidien ne me permettent malheureusement pas de m’y adonner autant que je le voudrais mais j’arrive quand même à y consacrer assez de temps pour nourrir cette passion qui m'anime depuis si longtemps.

Ce qui m'intéresse avant tout lorsque je peins, c'est l'acte même de création, le processus évolutif, couche après couche sur une toile vierge, à partir d'une idée jusqu'à sa concrétisation visuelle. C'est le temps investi dans la peinture qui me passionne. Une fois la toile achevée, je passe à autre chose. Les critiques, positives ou négatives, ne sont pas au centre de mes préoccupations. Une fois que je décide qu'une composition est terminée, qu'elle reflète ce que j'avais en tête, et que je n'ai rien d'autre à y ajouter, elle devient parfaite à mes yeux. Le reste relève simplement de l'appréciation subjective du public : « C’est beau, c’est pas beau, ça me plait, ça ne me plait pas… » — des considérations qui ne me concernent plus.
La peinture est chez moi comme une thérapie ! C’est une sorte de fuite, un refuge qui me permet de m’isoler du monde et de me libérer des contraintes inhérentes à ma condition d’humain socialisé et abstreint à travailler, à produire et à consommer.

Dans le processus de création, le début est toujours la partie la plus délicate pour moi ! Le tout premier pas, le premier trait de crayon, représente un défi. Cependant, une fois ce seuil franchi, je me laisse emporter, et le temps s'écoule en parallèle à mon activité, souvent sans que je m'en rende compte. Cela me ramène à l'époque de mon enfance, où il fallait que quelqu'un vienne me chercher, me tire de mon univers, pour manger.

Je peins sur des châssis entoilés de lin, d’après des photos que j’ai faites. Surtout des paysages, des marines.
Je n’utilise que peu de couleurs. Ma palette se compose de 5 ou 6 teintes que j’applique en fines couches de glacis successives, essentiellement des terres et des ocres ; pas de bleu mais plutôt du gris de Payne, pas de rouge mais de l’Ocre rouge. La Terre d’ombre brûlée est ma couleur de prédilection, celle qui donne le ton du tableau. Celle qui donne l’ambiance. Le pivot chromatique, influençant toute la composition. Je n’utilise pour ainsi dire jamais de blanc. Chez moi, la lumière naît de l’ombre !
Dans mes compositions, le dessin tient le premier plan. Ce n’est pas qu’une simple esquisse qui sera recouverte par les couleurs. Il fait partie intégrante du tableau, au même titre que la peinture.
En fait, je dirais que mes tableaux sont « des dessins colorisés ».

La barque

La plage est mon repos, j’arrime le rivage.
J’ai suivi les amers, je n’ai pas fait naufrage.
Je quitte le large, sirènes et atlantes,
J’échoue au barachois sur la plage dolente.

Les volets peints barbeau jalousies aux yeux bleus
Me regardent de haut verser au sol sableux.
Ma gîte sur bâbord sur coussin de galets
Et l’océan ocré qu’éclaircit le Palais.

Je conte l’histoire du pointu que j’étais,
Des caprices des mers que parfois je bravais,
Du marin embarqué, palangrotte et filets.

Mon ombre qui s’enfuit, ce fantôme éphémère
Un grand cembre penché par les vents délétères.
Le sable est mon répit et mon sort un mystère.

Poème de Jean-Claude VINCENSINI, à propos du tableau « La barque »